ad vitam – été 2020
C’est avec fierté que la Conférence religieuse canadienne lance sa publication été 2020, du nouveau webzine ad vitam.
Au moyen d’articles et de contenus audiovisuels, ad vitam met de l’avant des réflexions théologiques et pastorales sur l’Église catholique et la vie consacrée.
Ceci est notre moment kaïros (1)
Il y a cinq ans, le pape François appelait le monde à écouter le cri de la Terre et la clameur des pauvres. La lettre encyclique Laudato Si’ : sur la sauvegarde de la maison commune proposait une vision unifiée des crises touchant la planète et ses créatures, dont nous.
Tandis qu’on soulignait le cinquième anniversaire de l’encyclique en mai, la COVID-19 avait déjà fait plus de 300 000 morts dans le monde. Notre interdépendance sautait aux yeux. « Tout est lié » est le leitmotiv de Laudato Si’. Nous avons vu la pandémie affecter de manière disproportionnée les personnes âgées, laïques comme consacrées. Mais elle a aussi impacté particulièrement les minorités racisées, les migrants et réfugiés, les personnes sans-abri et les pauvres – alors que beaucoup de ces personnes, notamment des femmes, étaient aux premières lignes des services de la santé et des services essentiels, et tenaient le fort à travers l’école à la maison et le télétravail.
Les communautés de vie consacrée ont été à l’avant-poste du mouvement écologique bien avant Laudato Si’. Leur voix doit continuer de prophétiser dans l’espace public et dans l’Église catholique, appelant à une juste transition écologique. Ceci est notre moment kairos. Nous voici, Seigneur. Loué sois-tu !
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(1) Définition
Le kairos est le temps du moment opportun. Il qualifie un moment.
Dans le langage courant, on parlerait de point de basculement décisif, avec une notion d’un avant et d’un après au sens de Jankélévitch (conulter le site). Le kairos est donc « l’instant T » de l’opportunité : avant est trop tôt, et après trop tard.
In fine, l’expression « instant d’inflexion » semble convenir : « Maintenant est le bon moment pour agir. »
Pour le pseudo-Aristote, « Le mélancolique est l’homme du kairos, de la circonstance1. »
Le kairos, une dimension du temps n’ayant rien à voir avec la notion linéaire de chronos (temps physique), pourrait être considéré comme une autre dimension du temps créant de la profondeur dans l’instant. Une porte sur une autre perception de l’univers, de l’événement, de soi. Une notion immatérielle du temps mesurée non pas par la montre, mais par le ressenti.
Le dieu grec Kairos est représenté par un jeune homme qui ne porte qu’une touffe de cheveux sur la tête. Quand il passe à notre proximité, il y a trois possibilités :
- on ne le voit pas ;
- on le voit et on ne fait rien ;
- au moment où il passe, on tend la main, on « saisit l’occasion aux cheveux » (en grec ancien καιρὸν ἁρπάζειν) et on saisit ainsi l’occasion.
Kairos a donné en latin opportunitas (opportunité, saisir l’occasion).